L’accompagnement psycho-social du Service social

L’accompagnement psycho-social mis en œuvre par les assistants de service social, vise à développer les capacités des personnes à être auteures et actrices de leur projet de vie. Cet aspect renvoie à des dimensions psychologiques et sociales. Il est primordial : il s’agit de l’insertion sociale, du développement des liens sociaux des assurés concernés par des difficultés de santé.

L’accompagnement des personnes en situation de difficultés de santé et de retour à l’emploi est un travail de longue haleine : cet accompagnement intervient sur une tranche de vie particulièrement fragilisée du fait de la situation de rupture et de perte de repères qui en découle. 

Les assistants de service social sont souvent les seuls à baliser ce parcours auprès d’elles (avec leur famille quand il y en a une). L’accompagnement des personnes va se traduire autour de ces ruptures afin qu’elles soient clairement définies, repérées et exprimées.

Ensuite, il s’agira de repérer les leviers et les freins :

• Leviers sur lesquels les assistants de service social vont s’appuyer pour relancer la citoyenneté de la personne, sa mobilisation vers un retour au projet de vie dont celui de vie professionnel, sa capacité d’agir et de transformer la situation, reprendre confiance et retrouver une identité malgré la problématique de santé : capacité à se former, à écrire, faire les démarches, mobilité géo, moyens financiers de faire garder les enfants, de se déplacer, potentiel interne « d’envie de, de vouloir agir… » à développer, soutien familial ou amical à consolider (rencontre du conjoint), relais associatif, capacité à se transformer et à transformer la situation (soutien psychosocial), soutien partenarial comme le médecin du travail, etc…

• Freins qu’il s’agit de clarifier avec la personne (financiers, situation de parent isolé, isolement, isolement géo (pas de permis, pas de voiture), isolement intellectuel (pas de formation et difficulté de lecture, de compréhension, d’apprentissage), troubles du fait de la maladie, isolement médical (pas de suivi CMP, éloignement des centres de soins comme un centre anti-douleur, conduites addictives,) etc…
  Les assistants de service social devront transformer les freins en leviers (favoriser les soins et l’accès aux soins) et renforcer les leviers initiaux pour qu’ils deviennent moteurs et participent au retour à l’emploi : emploi direct ou formation qualifiante.

L’accompagnement ne peut qu’être long : les rencontres soutenues et régulières, le soutien psychosocial optimal et le travail de maillage du territoire important pour que l’assuré reste au centre de l’action avec une cohérence d’intervention avec les partenaires mobilisés autour de la personne.

Marie-Hélène Lenoir, assistante de service social du site de la Roche sur Yon, Carsat Pays de la Loire »

Madame X a 52 ans ; elle travaille dans le domaine de la logistique, depuis 22 ans dans la même entreprise.

Plusieurs problématiques de santé ont contraint Madame X à des arrêts de travail successifs ces dernières années, puis à un arrêt de travail continu depuis le mois de juillet 2021.

En cours d’arrêt, Madame X a rencontré le médecin du travail qui l’a orientée vers le service social de l’Assurance Maladie pour mettre en place un accompagnement visant à prévenir sa désinsertion professionnelle.

La première rencontre avec l’assistante sociale de l’Assurance Maladie a eu lieu en janvier 2022. L’accompagnement individuel a consisté dans un premier temps à étudier les possibilités de reclassement interne dans l’entreprise, via la mobilisation d’un Essai Encadré. Ce travail a été effectué en partenariat avec le service de prévention et de santé au travail, l’employeur et l’assistante sociale de l’Assurance Maladie.

Il s’est avéré que les possibilités de reclassement existantes dans l‘entreprise n’étaient pas adaptées à la situation de santé de Madame X ; l’essai encadré n’a donc pas pu avoir lieu. 

Madame X n’envisageait alors aucun retour possible dans son métier ; elle souhaitait se réorienter vers le métier de sophrologue. Avec l’aide de l’assistante sociale, Madame s’est informée sur la formation requise et les modalités de financement possibles pour concrétiser ce projet.

A ce stade de l’accompagnement, il est apparu opportun d’orienter Madame X vers une PREMIJ pour lui permettre de travailler sur son projet professionnel. Madame a participé à la PREMIJ en mai et juin 2022. Cette étape lui a permis de prendre conscience que le projet de sophrologue n’était pas réalisable dans l’immédiat, en raison de la durée de la formation (1,5 an sur les soirs et week-ends) et parce que Madame avait besoin de travailler rapidement. Le travail effectué lors de la PREMIJ a porté sur la valorisation des compétences professionnelles acquises par Madame X et transférables sur un autre métier, celui d’assistante commerciale.

Les 2 semaines de stage ont permis à Madame X de reprendre confiance en elle et de réaliser qu’elle pouvait se projeter sur un poste d’assistante commerciale en contrats intérimaires, le temps de se former au métier de sophrologue.

Parallèlement, Madame X a pu participer à un Travail Social de Groupe proposé par le service social de l’Assurance Maladie, qui s’est déroulé de février à juin 2022.  Dans ce groupe d’échanges, Madame a trouvé un espace pour « s’exprimer en confiance et sentir qu’elle n’est plus toute seule à travers les témoignages des autres ». A l’issue de cet accompagnement collectif, Madame X a exprimé qu’elle se sentait « libérée, j’ai avancé ; confronter les expériences permet de dédramatiser ».

Suite à la PREMIJ, Madame X a été licenciée pour inaptitude en juillet 2022. Elle s’est inscrite à Pôle Emploi pour intégrer un dispositif d’orientation afin de poursuivre la validation de son projet professionnel, et de bénéficier de formations en outils bureautique et anglais commercial.

Elle a débuté sa formation de sophrologue les soirs et week-ends, tout en postulant à des offres d’emploi d’assistante commerciale.

Véronique DOUAUD, assistante sociale du service social de la CARSAT